LES CRITIQUES MIROIRS

 

Léa est gestionnaire dans une administration ; elle est coquette mais ne porte pas de tenue accentuant sa féminité, en tout cas, pas pour aller travailler. Un matin, elle décide de se faire belle pour se rendre à son travail : jupette, collant noir, petit haut fleuri laissant entrevoir un début de tatouage, talons hauts ; "de la séduction, de la classe" résume-t-elle avec le sourire ; elle est accueillie par ses collègues par des "waouh, que tu es belle ! ça te va super bien !" Elle reçoit avec plaisir toutes ces félicitations, mais dans la journée, elle croise une collègue qui la toise de haut en bas et qui la mime en se moquant. Du haut de ses talons, la jeune femme reste stoïque mais ressent un grand malaise s'installer en elle.

 

"Elle se moquait clairement de moi", me dit-elle en concluant. En approfondissant la question, Léa avoue qu'au fond, elle n'était pas tout à fait à l'aise. Une partie d'elle avait envie de se vêtir ainsi mais qu'en était-il de l'autre partie ?

 

Je finis par l'inviter à troquer le "elle" se moquait de moi par "je" me moquais de moi. Un sourire apparaît progressivement sur le visage de Léa : "C'est ça ! En fait, j'étais contente de m'habiller "en femme" en partant, mais une partie de moi me trouve ridicule et me dit "mais t'as vu à quoi tu ressembles sapée comme ça !" ".

 

Les Fées Miroirs : S'il n'y avait pas eu de conflit intérieur en Léa concernant sa tenue vestimentaire, la mimique critique de la collègue ne l'aurait pas heurtée, elle n'y aurait sans doute même pas prêté attention ou alors elle l'aurait interprétée autrement, comment de l'admiration allez savoir. En effet, la plupart du temps, nous projetons sur les autres nos zones d’ombre (mais aussi de lumière J) non assumées. Cet autre qui nous dérange et que nous voyons de prime abord comme quelqu’un.e de désagréable et négatif.ve, permet pourtant d’apporter un éclairage sur un complexe donné, une honte inavouée, un secret bien caché.

 

Reste à Léa à accueillir la partie en elle qui se moque, à instaurer un dialogue entre celle qui veut être féminine et celle qui ne l'assume pas.